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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/320

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Camusat ne se rebute pas encore ; il va publier à Nanci une Bibliothèque des Livres nouveaux, dans laquelle il promet d’indiquer tous ceux qui viendront à sa connaissance.


Au lieu de ces interminables extraits qui remplissent les autres journaux, il se contentera d’exposer le sujet des ouvrages, de développer la méthode de l’auteur, d’examiner s’il va plus loin que ceux qui ont traité la même matière, ou s’il est resté au-dessous ; il promet de dire ingénuement ce qu’il trouve de bon et de mauvais dans les livres. « Il n’y a point de livres parfaits, dit-il ; il n’y en a point de si détestables dans lesquels on ne trouve plusieurs traits dont il est aisé de faire usage. Voilà ce qu’il importe principalement à un journaliste d’examiner avec attention ; ce sont là les extraits utiles, quand même ils seraient médiocres. Telle est la manière de faire un journal où tout le monde puisse également acquérir une connaissance exacte des livres nouveaux, savoir les sujets qui sont à la mode, les pays où les sciences fleurissent avec plus d’éclat, le goût qui y règne, les hommes illustres qui travaillent à le soutenir par leurs productions, ou à le ramener par leurs avis… » Il exclut de son journal surtout les livres de théologie : « On ne sait par quel malheur, dit-il, ceux qui s’attachent à l’étude de la religion, laquelle ne respire que la paix et ne prêche que la charité, sont les plus aisés à choquer. »


Ces belles maximes n’empêchèrent pas que Camusat ne se laissât bientôt emporter, dans ses critiques, à l’amertume et à la violence de son caractère. Au bout de deux mois son nouveau journal était encore supprimé.


    de journaux, fit beaucoup rire le public à ses dépens en imprimant dans son journal Inès de Castro en mirlitons, après avoir promis des pièces exquises. Un grave Hollandais l’ayant tourné en ridicule à ce sujet, il composa une apologie de ces mirlitons, entreprise bien digne de son auteur. »