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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/329

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gieuses, dont l’effet fut de jeter hors de nos frontières une foule d’hommes éclairés, que le désir de défendre leurs opinions, et quelquefois le besoin de vivre, firent descendre dans l’arène littéraire. Et en effet on aura pu voir aussi que le plus grand nombre des journalistes étaient des protestants réfugiés.

Dès avant la révocation de l’édit de Nantes, le parti de la rigueur l’ayant emporté, dans les conseils du gouvernement, sur celui de la prudence, on s’était mis à faire une guerre de destruction méthodique aux églises et aux académies protestantes. L’émigration commença donc par des ministres et des professeurs, contraints d’aller porter ailleurs leur savoir et leur parole. Les familles françaises que la persécution avait fait sortir du royaume au xvie siècle s’étaient, pour la plupart, réfugiées à Genève ou dans les cantons suisses, un petit nombre en Angleterre, bien peu dans les Provinces-Unies, retraite trop menacée alors. Longtemps encore les émigrés protestants suivirent la même route ; cependant depuis Richelieu, on les voit se diriger davantage vers la Hollande, devenue peu à peu le refuge des hommes qui font ombrage au pouvoir régnant, comme aussi des esprits aventureux. C’est en Hollande que Descartes va chercher sa thébaïde philosophique. La Hollande a des presses pour toutes les défenses et toutes les attaques qui n’ont pas eu