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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/351

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vaincu. Outre que bien peu de gens sont d’humeur à engager cette lutte, à cause des fâcheux effets qui peuvent résulter d’une polémique où, de part et d’autre, on finit par perdre de vue la modération et les convenances.

» Voltaire ne savait pas tout cela quand il trouva mauvais que Desfontaines et Fréron le critiquassent. Avec le secours de tout son talent, avec la complicité de la plus puissante coterie philosophique et littéraire qui fut jamais, les encyclopédistes ; avec la tolérance, que dis-je ? avec l’appui de magistrats qui servaient ses vengeances presque aussi religieusement que si elles eussent été des prescriptions de la loi ; avec une armée d’intrigants lettrés à ses gages, qui signaient ses libelles ou en acceptaient la responsabilité quand ils étaient anonymes ; enfin, et pour tout dire en un mot, avec l’opinion publique, dont la faveur lui servait d’égide, Voltaire ne laissa pas de se sentir souvent désarmé en face du journalisme. La violence de ses plaintes, ses mensonges, ses ruses, toutes ses démarches enfin pour parvenir à faire cesser les attaques auxquelles il était en butte, et, comme il disait, à en obtenir justice, tout cela joint à la complaisance pour lui du lieutenant de police, qui voulait bien prendre la peine de discuter avec lui sur la nature du châtiment à infliger à ses censeurs, et qui lui conseillait de s’adoucir et d’être clément, tout cela, dis-je,