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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/41

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de Paris, qui offre pour 21 livres une feuille de supplément composée de huit colonnes ou quatre pages. Nous ne savons comment se termina cette lutte ; mais dans tous les cas, et c’est l’important, le public y dut trouver son avantage.


La même année où le Journal de Paris eut à soutenir contre la Gazette le procès dont nous venons de parler, il s’attira, par une indiscrétion au fond bien innocente, une affaire beaucoup plus désagréable, qui lui coûta plus cher, et qui, même, faillit le faire supprimer. Voici comment Garat[1] raconte cette mésaventure :

Il n’y avait, en 1777, de querelles que dans la littérature et dans les sciences, et de révolutions que dans les faveurs de la cour, dans les engouements et dans les modes de la ville. Mais un journal de tous les matins était tellement approprié au goût des Français et à la vie de Paris, qu’on ne faisait plus de déjeuner où celui-là ne fût à côté du chocolat ou du café à la crème. On s’étonnait qu’on eût pu vivre si longtemps sans journal, et les auteurs du Journal de Paris, pénétrés de la nécessité et de la difficulté de soutenir et d’étendre un succès si brillant dès les premiers jours, cherchaient toutes les nouvelles et toutes les nouveautés, et préféraient quelquefois celles qui pouvaient être dangereuses à recueillir.

Un envoyé de la Cour de France[2] à une petite cour d’Allemagne, plus décoré par son nom et par son esprit que par le

  1. Mémoires sur M. Suard et sur le XVIIIe siècle, t. II, p. 298.
  2. Ce n’était pas la cour de France, mais celle de Lunéville, qui avait député Boufflers vers cette princesse allemande, qui se montra aussi ridiculement susceptible qu’elle était, à ce qu’il paraît, grosse et grasse. Il s’agissait d’une négociation de mariage pour le roi de Pologne.