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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/422

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une porcelaine chez madame de Pompadour, une monarchie et une religion de quinze siècles, s’il a été jaloux de quelqu’un dans sa gloire et dans sa toute-puissance, ce grand Voltaire, il n’a été jaloux ni de Racine, ni de Corneille, ni de Bossuet, ni de J.-J. Rousseau, ni de Montesquieu, il a été jaloux de Fréron ! — Oui, lui-même, oui, Voltaire, il a été jaloux de Fréron. Et comment expliquer cette haine formidable de tous les jours et de toutes les nuits ? Comment expliquer tant d’esprit et de génie inutilement dépensé à poursuivre et à accabler un seul homme ? Comment se rendre compte de ce fait-là : Fréron attaqué par Voltaire autant, et aussi souvent, et plus violemment que Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même ! Fréron traité comme une religion, attaqué comme une croyance, et ce rare esprit, Voltaire, aussi inquiété par l’Année littéraire que par la Bible ! Comment pensez-vous qu’un homme de l’esprit, du talent, du génie, de la poésie et de l’éloquence de Voltaire, se sera heurté toute sa vie contre un écrivain isolé, faible et pauvre, accablé de toutes parts ? Je le dis encore, c’est que Voltaire a été jaloux de Fréron ; c’est que Voltaire, dans tout son triomphe, a été bien surpris et bien indigne quand il s’est vu tout d’un coup arrêté, par qui, grands dieux ! arrêté par Fréron ! Lui, Voltaire, portant ses deux mains de fer et de feu contre ce chiffon de l’Année littéraire, et ne pouvant venir