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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/432

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peuvent pour anéantir ce journal, et, en tout sens, assurément, ce serait une perte, et une perte irréparable.

Le jeune satirique fait un crime au jeune journaliste d’avoir la protection du clergé : il serait plaisant qu’on pût se glorifier du patronage de je ne sais quels sectaires, qu’on pût s’enorgueillir d’être porté par les rédacteurs, compilateurs, colporteurs de l’Encyclopédie, et qu’on eût à rougir d’avoir mérité l’appui du premier corps de l’État.


Quoi qu’il en soit, la succession de Fréron resta à son fils, grâce, paraît-il, à la protection de madame Adélaïde, tante du roi ; mais le garde des sceaux ne lui avait d’abord permis que de remplir les engagements de son père et de finir l’année courante, de sorte qu’il avait été un instant question dans le conseil du journal de solliciter un autre privilége, et d’éteindre ainsi cinq mille livres de pensions dont l’esprit du défunt était grevé.

Ce fut, comme nous venons de le voir, l’abbé Grosier qui, à la mort de Fréron, prit la direction en chef de l’Année littéraire. « C’est un abbé Grosier, dit La Harpe, qui s’annonce aujourd’hui pour le continuateur des feuilles de Fréron, auxquelles il travaillait du vivant de ce dernier. Ces feuilles, quoique toujours composées dans le même esprit, c’est-à-dire pour flatter la jalousie naturelle qu’inspirent les réputations et les succès, n’ont pourtant pas repris faveur ; elles ont même, dit-on, perdu de leur débit depuis la mort de Fréron, dont le nom excitait encore cette espèce de curiosité qu’on a tou-