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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/435

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taire, qui restait ainsi à la merci de cette marâtre ; il avait été seulement recommandé à celle-ci de lui donner les secours pécuniaires que sa bienfaisance et le succès du journal pourraient lui permettre. C’est par un arrêt du conseil que fut opérée cette dépossession. Elle était motivée sur l’abus que Fréron faisait de son privilége ; ses feuilles étaient qualifiées de satiriques, de calomnieuses contre les citoyens, même contre des personnes étrangères à la littérature. Et ce qu’il y avait de plus fâcheux pour Fréron, c’est que l’arrêt était dit rendu du propre mouvement du roi, formule dont on se servait quand on voulait couper court à toute opposition, à toute réclamation juridique. Il était, en outre, défendu à la dame Fréron de se servir de la plume trop mordante des sieurs Salaun et Clément, non plus que de celle de son fils, et tous les autres journaux, dit-on, leur étaient également interdits.

Et tout cela sous le prétexte de l’épithète de ventriloque appliquée à un comédien. Mais pour tout le monde il était évident que le parti philosophique avait beaucoup influé dans cette vengeance, et ce qui le confirmait encore, c’est que défenses avaient été faites à la dame Fréron de rien laisser insérer dans son journal contre l’Académie, ou contre aucun de ses membres.

Il était impossible que le ministère, mieux renseigné, tînt longtemps rigueur au jeune Fréron,