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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/462

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tout homme qui écrira renonce aux principes de l’honneur, qui n’endure point d’affronts.

Voilà, cependant, Monsieur, les conséquences funestes qu’entraîne la protection dont jouit, à je ne sais quel titre, l’auteur détesté de l’Année littéraire. Quand j’ose vous demander justice contre lui, je vous supplie de croire qu’il m’en coûte beaucoup, et, si je me respectais moins, je n’aurais pas besoin d’appui pour me satisfaire.

Ce serait donc, Monsieur, me déclarer bien indigne de cette bonté dont j’ai reçu tant de preuves de votre part que de suspendre le châtiment qu’a mérité le sieur Fréron en osant m’insulter. Quant au genre de châtiment, soyez-en l’unique arbitre. Le plus léger me suffira, pourvu qu’il sache bien que c’est moi qui le sollicite, non pour moi, qu’il ne peut blesser, mais pour mon honneur, qui m’impose la loi de paraître sensible à des affronts seulement médités.


À ces accès de rage, on imaginerait que Fréron a mordu le marquis de Ximenès, et c’est tout au plus une mouche qui l’a piqué. Voici le dard : « Je ne sais quel est celui à qui M. Augers, dans le discours de clôture à la Comédie-Française, a prêté son organe ; mais je lui conseille de garder l’anonyme le plus rigoureux et de chérir son obscurité. »

Fréron n’en fut pas moins mandé à la barre du magistrat, qui, pour cette fois, fronçant le sourcil de Jupin, ne lui montra que les clefs de Vincennes.

On gâte les beaux esprits comme les jolies femmes. Dès le moment qu’il fut défendu de dire au marquis de Ximenès qu’il était un sot, il ne put plus se passer d’encens, et de si loin qu’il aperce-