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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/47

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L’œil rouge et la mine enflée,
Je promenais gravement
Ma vanité boursoufflée
Et mon air de président,
Quand tout à coup un orage
Dérangea tout mon calcul,
Et sa bourrasque sauvage
Faillit à me rendre nul.


D’un membre d’Académie,
Fort avide du bonheur,
La finesse et le génie
Combinèrent mon malheur.
Ma Feuille était fort courue,
Mais il fallut ajouter
Au plaisir de l’avoir eue
Le chagrin de la quitter.


De huit mille écus de rente
Perdant jusqu’au dernier quart,
D’une plume pénitente
J’écris à Monsieur Suard :
« Je conviens que d’une tante
Le prix par moi méconnu
Méritait que de ma rente
On m’ôtât le revenu. »


Touché de ma repentance,
Épris d’argent et d’amour,
Mon patron rompt une lance
Dans le cercle de la cour :
On me rendit mon pupitre,
Et le bon Monsieur Suard
Chez moi ne voulut qu’un titre,
Avec sa prébende à part.