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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/473

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lui riposta par le suivant, qui mit cette fois les rieurs de son côté :


Oui, je suis un ânier sans doute,
Et je le prouve à coups de fouet
Que je donne à chaque baudet
Que je rencontre sur ma route.


La susceptibilité des auteurs n’est pas devenue moins grande, et l’on sait à quels excès elle se porte trop souvent. Je me rappelle, à cette occasion, avoir lu quelque part chez M. Sainte-Beuve, une anecdote qui m’a semblé bonne à raconter. La Société des gens de lettres venait de se fonder, et elle affichait d’assez étranges prétentions. Son comité paraissait disposé à se croire le représentant unique et juré de la littérature française, et tout prêt à demander compte aux profanes de leurs bons ou méchants mots et à les citer par devant lui, pour la plus grande dignité de l’ordre. Un jour, dit le spirituel causeur, il arriva au directeur de la Revue des Deux-Mondes d’être accusé d’un mot inouï : il se serait plaint, en plaisantant, d’avoir affaire à deux sortes de gens les plus indisciplinables du monde, les comédiens et les gens de lettres. Le propos eût été leste, et je ne puis croire que M. Buloz l’ait tenu. Quoi qu’il en soit, une note se trouva insérée dans deux ou trois journaux, note qui avait une tournure vraiment officielle, et qui relatait qu’à la