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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/58

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Cette entrée, Âme d’or, de la Porte d’honneur
Que la naissance, l’heur et la valeur vous donne,
Fait voir que la vertu, soy-mesme se guerdonne,
Et ne tient que du ciel sa naissance et son heur.

Isaac Renaudot
Étudiant en droit[1].


Vient ensuite la dédicace. Renaudot commence, comme de raison, par faire un pompeux éloge du Commandeur, puis il continue ainsi :

De sorte, Monseigneur, que, mon inclination mesme cessant, qui est en possession de rapporter toute son estude à l’honneur de vostre maison, je n’eusse peu choisir une protection plus favorable que la vostre à l’établissement d’un dessein qui regarde si notoirement l’utilité publique. Tel est le règlement des pauvres,

  1. Il paraît que les prétentions à la poésie étaient héréditaires dans la famille. La première production imprimée de Renaudot que j’aie rencontrée est une pièce de vers, de 1627, conservée à la Bibliothèque impériale. Ce sont des Stances pour la santé du Roy ; en voici la première, une des moins mauvaises :

    Il est vray que ce siècle pervers
    N’a rien qui ne soit à l’envers :
    Un roy miracle de notre âge
    Pour les maux qu’il n’a pas commis
    Ha la fièvre que son courage
    Donnait à tous ses ennemis.

    La pièce est dédiée à Monseigneur le Cardinal de Richelieu, et très-probablement en l’écrivant Renaudot pensait plus au puissant ministre qu’au monarque malade :

    Digne prélat qui sais calmer
    Les orages de notre mer,
    Tire-nous des maux où nous sommes,
    Impètre du ciel notre bien :
    Il t’aime encor plus que les hommes,
    Et ne te refuse de rien.

    Par tes prières sa bonté
    Au Roy donnera la santé,
    Et cette fièvre, pour bon signe,
    Poussera dehors son venin :
    Comment serait-elle maligne,
    En un naturel si benin ?