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Mais toutes ces entraves, que d’ailleurs les journaux de quelque valeur savaient parfaitement secouer à l’occasion, sans que le gouvernement s’en émût, pour des raisons que nous avons dites ailleurs, ces chaînes dont on chargeait la presse, n’empêchaient pas que chaque jour ne vît éclore quelque feuille nouvelle.

— « La cupidité ne cesse de s’agiter pour gagner de l’argent, et, sous prétexte de travailler au bien public, des milliers d’écrivains ne travaillent en effet qu’à duper le public. On répand tous les jours le prospectus de nouveaux journaux, qu’on distribue dans le plus grand appareil, avec les vues les plus belles pour le bien du royaume et la prospérité de l’État[1]. »

— « Les journaux de toute espèce sont actuellement la grande ressource de toute la petite littérature, parce que c’est tout ce qu’il y a de plus aisé à faire. Chacun veut avoir son journal à lui. C’est comme une place forte où chaque auteur, chaque parti, fait la guerre aux autres, et ces places-là sont étrangement multipliées sur notre Parnasse. Ce ne sont sûrement pas les citadelles du bon goût[2]. »

— « Les ouvrages périodiques se multiplient sous toute sorte de formes avec un excès si fastidieux que les mieux établis, les mieux faits et ceux qu’une longue possession devrait faire préférer aux nou-

  1. Mémoires secrets, mai 1765.
  2. La Harpe, Correspondance littéraire, I, 362.