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Dorat, « qui, non content d’avoir l’Année littéraire à ses ordres, voulut avoir un journal en titre. »

Le nouveau directeur publia un prospectus qui, si l’on en croyait La Harpe (Correspondance littéraire, II, 62), « n’aurait pas paru assez ridicule pour être amusant, où il parlait beaucoup de Bayle, que probablement il n’avait jamais lu, et qui n’avait rien de commun avec le Journal des Dames. »

Querlon, moins prévenu, se montre plus juste envers l’aimable poète-journaliste :

« M. Dorat a fait paraître le 15 de ce mois (mars 1777) le premier volume des Mélanges littéraires ou Journal des Dames, dédié à la Reine. Cet ouvrage périodique, qui était mort, qu’on a ressuscité pour le faire mourir encore, et qui a passé par tant de mains différentes, vient enfin de tomber entre celles d’un auteur plein d’esprit, très-connu, et tel qu’il le fallait pour lui donner une nouvelle existence. Le ton qu’il a pris ne ressemble en aucune manière à celui de certains journalistes, périodistes, feuillistes, etc. Il n’est ni rogue, ni fier, ni dur, ni tranchant ; il ne se soulève point de toute la hauteur de son âme contre certains ouvrages qui pourraient ne pas lui plaire. M. Dorat avait annoncé dans son prospectus « des observations plutôt que des censures, des éloges vrais, de la politesse dans les critiques, surtout la plus exacte impartialité. » Il tient parole, et tous les gens de goût, ceux qui