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eut beaucoup de vogue en province et dans les pays étrangers. Elle était toute dévouée aux jésuites : aussi la voyons-nous, seule, exceptée de l’anathème fulminé contre les gazettes en général dans un discours prononcé, le 24 janvier 1757, par un professeur du collége de Belsunce, de la compagnie de Jésus, à Marseille, de nuntiis publicis, vulgo Gazulis.

Matériellement, le Courrier d’Avignon était, avec un peu plus d’ampleur et d’indépendance, de tout point semblable à la Gazette de France, à laquelle il faisait une redoutable concurrence. Aussi fut-il forcé de déserter Avignon en juillet 1768, lors de l’occupation de cette ville par la France. Il se retira à Monaco, dont il prit le nom, Courrier de Monaco, de février 1769 à juillet 1775. Il revint alors à son ancien domicile où il reprit son ancien titre, enrichi des armes du Saint-Siége, et, placé sous la direction de Leblanc, secrétaire des commandements du prince de Conti, il continua sa carrière jusqu’à 1788. Il fut repris en 1789 par mademoiselle Leblanc, directrice des postes, qui le mena jusqu’à la fin de 90 ; puis par Sabin Tournai, qui le conduisit jusqu’en juillet 93, et enfin en 1794 par une société de républicains, qui substitua le bonnet de la liberté aux armes de France, qui, elles-mêmes, avaient remplacé celles du pape en juin 90.

On a encore de Morénas des Entretiens historiques sur les affaires présentes de l’Europe et sur divers autres sujets, La Haye (Avignon), août 1743-juin 1748 ; 108 numéros in-8o, à raison de 18 numéros ou 3 vol. par an ; et des Lettres historiques sur la réunion de la ville d’Avignon et du Comtat-Venaissin au domaine de la Couronne, 1768-69, 24 lettres in-8o.

Disons enfin, puisque l’occasion s’en présente, qu’Avignon était un des foyers de la contrefaçon ; il s’y fit notamment des contrefaçons de la Gazette de France, sous les rubriques de Paris, d’Aix, de Montpellier ; de la Gazette d’Hollande, des Annales de Linguet, et même de cette dernière feuille deux contrefaçons, in-8o et in-12.


1734-1787. Gazette d’Utrecht, in-4o. Arsen., 1734-1773, 40 vol., Sainte-Genev., 1740-1784, 45 vol. ; Impér., 1767-1787, 24 vol.

Cette gazette amusait, dit-on, les oisifs, par ses bavardages, sa gaîté et sa malignité.