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au lieu de 120, prix ordinaire de ces gazettes jusqu’alors. Palissot obtint l’une et l’autre faveur ; et il faut que l’opération, dans ces nouvelles conditions, fût encore assez bonne, car il y trouva, de son aveu, le moyen de réparer des pertes considérables qu’il avait faites dans une faillite où la presque totalité de sa fortune avait été engloutie.

Voici un autre fait, que j’ai trouvé dans la Police dévoilée, et qui m’a semblé mériter à un double titre d’être consigné. Le ministre des affaires étrangères et le garde des sceaux avertissent simultanément le lieutenant de police que Valade, imprimeur et libraire, abuse de la tolérance que l’on a eue jusque-là, fort mal à propos, de laisser entrer sans visite dans Paris les ballots qui lui arrivent de Liége, où, sous l’Esprit des Journaux, Soer a caché les Fastes de Louis XV.

On sait d’ailleurs de quelles formalités était entravée l’entrée des livres à Paris. Je ne puis résister au plaisir de citer, à ce propos, une charmante lettre inédite de l’abbé Lebeuf, « une de ces lettres pleines de verve et de gaîté comme le dit l’éditeur auquel je l’emprunte[1], qui devraient convaincre enfin les plus rebelles qu’un savant peut être un homme d’esprit. » Lebeuf écrivait de Paris à Fenel, le 24 novembre 1743 :

  1. M. H. Ribière, Essai sur l’histoire de l’imprimerie dans le département de l’Yonne, et spécialement à Auxerre.