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fois, il tenait une boutique de marchand de vin sous le nom d’un commis, un café sous le nom d’un autre ; ailleurs, il donnait à jouer ; au dehors de la ville, il avait des maisons où il logeait de jeunes seigneurs français ; en même temps il spéculait sur des pépinières plantées d’arbres fruitiers transportés en France et sur des remèdes anti-vénériens. Enfin, et c’était là le plus clair de son revenu, il tirait des sommes considérables des intérêts qu’il avait dans plusieurs gazettes anglaises. Il vit dans le projet de Latour, dont il connaissait le talent, une nouvelle source de fortune : il n’hésita pas à fournir les sommes nécessaires pour la mise en œuvre.

Telle est l’origine du Courrier de l’Europe. C’est à un rapt, dit Brissot, qu’on dut cette feuille, qui contribua plus qu’on ne pense au succès de la guerre d’Amérique, et, par suite, à la Révolution française.


C’était principalement sur la France que reposait le succès du nouveau journal ; mais comment le faire admettre dans un pays où la censure était si sévère ? L’intérêt aplanit tout. Le ministère français avait besoin de connaître à fond l’Angleterre : de Latour fit adroitement sentir de quelle utilité son journal pouvait devenir pendant le cours de la guerre qui allait s’engager ; il valait au gouvernement cent espions, et il lui rapportait, au lieu de