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des véritables sciences, la politique et la morale, dans les seuls écrits qu’un certain public lit constamment. Peut-être, en réfléchissant sur cette idée, eût-on bien fait de publier Montesquieu, Voltaire ou Rousseau, sous la forme périodique, au lieu de les disséquer platement sous les titres de Génie ou d’Abrégé. »

Tel fut l’esprit dans lequel Brissot travailla au Courrier de l’Europe et lui fournit des articles littéraires et politiques, depuis février jusqu’en novembre 1783. À cette époque il abandonna cette feuille pour mettre à exécution son projet de Lycée. Il n’en avait pourtant pas fini avec elle. Swinton, s’étant brouillé avec de Latour, qui lui faisait payer chèrement la réputation du Courrier, et croyant pouvoir le priver de sa propriété, en proposa à deux reprises la rédaction en chef à Brissot, en lui offrant 500 louis par an. C’était la moitié à peu près de ce que recevait Latour, en sorte que Swinton faisait une excellente opération en se dégageant de ses liens. Mais il mettait à l’offre qu’il faisait à Brissot une condition, c’est que celui-ci accepterait Morande pour collaborateur. À ce nom, dit Brissot, je reculai d’effroi. On a là l’explication de la rage avec laquelle Morande ne cessa depuis ce jour de poursuivre Brissot.

Un peu plus tard, Swinton en vint à ses fins ; il amena le facile et insouciant Latour à lui aban-