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tion d’un ouvrage profond et raisonné ; mais il règne dans son style une certaine pesanteur peu propre à lui concilier le grand nombre des lecteurs. Cette retraite est d’autant plus fâcheuse, que ce journaliste tenait en échec celui de l’Année littéraire. Tous deux amusaient le public impartial par leurs débats burlesques. Il est à craindre que le dernier ne se prévale de son triomphe, et n’affecte le despotisme de la république des lettres. »

Voltaire, en effet, se montra caressant avec La Porte, comme il l’était avec tous ceux qui l’encensaient ; il lui écrivait, le 2 février 1761 :

« Je réitère à M. l’abbé de La Porte toutes les assurances de mon estime pour lui et de ma reconnaissance. La première feuille de l’année 1761 m’a paru un chef-d’œuvre en son genre… Je lui en fais mes sincères remerciements. »


La Porte ne demeura pas longtemps au Mercure, qui, d’ailleurs, ne pouvait suffire à son activité. Renonçant absolument à la carrière du journalisme, il se livra tout entier à un genre plus productif, à la compilation, qu’il ne contribua pas peu à mettre en vogue, et contre laquelle les critiques de l’époque ne cessent de fulminer.

« Nous sommes accablés, écrivait Grimm à la date du 15 décembre 1769, d’une foule innombrable de compilations, qui nous auraient fait