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En tête de l’Observateur littéraire, qui porte pour épigraphe ce vers de Virgile :


Tros Rutulusve fuat, nullo discrimine habebo,


se lit un court avant-propos, où de La Porte soutient, en faveur de la multiplicité des journaux, une thèse que nous avons déjà vu plaider par les auteurs du Journal littéraire[1].


On ne manquera pas de dire qu’il y a déjà assez d’ouvrages comme celui-ci ; que je devrais n’en pas augmenter le nombre. Mais je réponds, avec Bayle, qu’il se fait beaucoup de livres dont les journaux ne parlent pas, et d’autres dont on ne parle pas assez tôt ; que les uns s’attachent à des choses que les autres ont laissé passer ; qu’il peut y avoir beaucoup de diversité dans la manière dont deux journaux traitent d’un même ouvrage, et que cette diversité est souvent plus agréable que celle qui naîtrait de deux sortes de matières. Les nouvellistes lisent avec plaisir les gazettes de différentes nations, quoiqu’elles parlent des mêmes faits : ceux qui aiment les nouvelles littéraires se plairont également à les lire dans divers auteurs, quoiqu’ils rendent compte des mêmes ouvrages. Les uns écrivent plus lisiblement que d’autres, donnent aux choses un autre tour et les accompagnent d’un plus grand nombre de réflexions. Ce parallèle devient un fond d’instruction et d’agrément pour les lecteurs, et excite dans les journalistes une émulation dont le public retire tout l’avantage. Douze ans d’exercice dans cette sorte de travail me l’ont rendu familier ; et en cessant de m’associer avec l’auteur de l'Année littéraire, je n’ai pas renoncé à un genre d’écrire dans lequel, avant cette longue association, il m’a paru qu’on n’avait pas dédaigné mes premiers essais.


Les Observations avaient pour épigraphe ces deux vers des Géorgiques  :

  1. V. tome , p. 283.