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louaient quelquefois leurs amis, et, comme il n’est pas modeste de se louer soi-même, ils se passaient la plume réciproquement lorsqu’il était question de leurs ouvrages. On lit cependant en tête du 4e numéro une lettre où M. Le Brun se défend d’être l’auteur de ce journal, il proteste n’y avoir aucune part ; mais ce qui dément ses protestations, c’est l’éloge prodigieux qu’il en fait. Il remercie modestement de ceux qu’on lui donne : il est juste qu’il renvoie l’encens dont on l’a parfumé. Ce qu’il y a de sûr, c’est que, s’il n’est pas la main qui écrit, il est le bras qui la conduit. »

Cette lettre, et la réplique que lui donna la Renommée littéraire, sont une véritable scène de comédie, que nous regrettons de ne pouvoir reproduire intégralement.


J’apprends avec surprise, écrit Le Brun aux auteurs de la Renommée, que plusieurs personnes me font indiscrètement l’honneur de me croire un des auteurs de votre journal. Je ne sais si je leur dois un remerciement ou des plaintes. Votre journal a si bien pris, on y a remarqué des critiques si justes, une littérature si saine, une érudition si débarrassée de pédantisme, et, ce que j’estimerai le plus, une impartialité si courageuse, que d’autres seraient tentés peut-être de laisser courir un bruit qui fait honneur…

Ce qu’il y a de très-plaisant, c’est que la seule raison pour laquelle on me fait cet honneur, c’est parce qu’on voit repris avec beaucoup de justice et de sagacité, dans votre journal, les vers ridicules de M. Baculard, les vers plus fades et plus froids de M. Col…, enfin les obscures méchancetés et les absurdes jugements du sieur Fréron. Mais il serait bien ridicule que l’on me