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gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tînt à quelque chose, on pouvait tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. »

C’était moins le pouvoir, nous avons déjà eu occasion de le dire, qui se montrait ombrageux, que les particuliers et quelques corps constitués. Nous avons vu, par exemple, jusqu’à quel point l’Académie poussait la susceptibilité : elle n’entendait pas que de misérables folliculaires s’occupassent de ses affaires, elle ne souffrait pas qu’ils manquassent de respect à l’un quelconque de ses membres. Et comme elle ne réussissait pas à faire taire les mauvais plaisants, elle avait imaginé un singulier moyen d’en avoir raison. Elle intrigua pour qu’on lui donnât le privilége exclusif des feuilles périodiques, sauf à elle à en accorder ensuite à qui bon lui semblerait. Voltaire fut, dit-on, l’un des plus ardents promoteurs de cette étrange entreprise, qui fort heureusement eut le sort qu’elle méritait.

Les comédiens n’étaient pas moins chatouilleux. Nous avons vu l’Année littéraire près d’être supprimée pour avoir accolé au nom d’un acteur l’épithète malsonnante de ventriloque ; nous aurons bientôt d’autres exemples de l’impatience avec laquelle ces messieurs supportaient la critique.

Les cours ni les administrations ne se montraient pas plus tolérantes. Un arrêt du Conseil, du 2 mars