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longue carrière, et qui mérite, à ce titre et à quelques autres, que nous lui consacrions une mention. Cette feuille, paraît-il, répondait à un besoin pressant. Les Parisiens ignoraient souvent les jours où se quittaient les deuils de cour : on se proposait de les en informer la veille ou la surveille, par des billets qui seraient envoyés chez les abonnés. L’établissement de la Gazette des deuils avait été autorisé par le duc de Choiseul au profit d’une demoiselle Fauconnier, courtisane jadis célèbre, et qui depuis avait donné dans le bel-esprit. C’était la maîtresse de Palissot, et le ministère l’honorait de ses bontés. L’homme de lettres, désireux de tirer parti de cette feuille anodine, y joignit un Nécrologe des personnes célèbres, dans les sciences et dans les arts, mortes dans le courant de l’année. « On sent, disent les Mémoires secrets, combien cette superfétation était ridicule ; mais, par ce moyen, cette Gazette, qui n’était qu’à 3 livres, monta à 6 francs. »

Grimm, de son côté, s’en exprime ainsi :

« Depuis que P*** a obtenu le privilége d’annoncer les deuils de la cour aux particuliers, moyennant une rétribution annuelle de 3 livres, et qu’il a disposé de ce privilége en faveur de sa respectable amie mademoiselle F***, fille du monde, retirée du service à cause de la multiplicité de ses services et de son âge, il a imaginé d’augmenter