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Le chevalier, néanmoins, promit sa collaboration ; mais il oublia bien vite sa promesse. C’est du moins ce qui résulte d’un passage d’une lettre que lui écrivait Saint-Foix à la date du 19 juin :


Vous savez que ce grand écrivain (M. de Voltaire) veut bien s’abaisser aujourd’hui jusqu’à travailler pour la Gazette littéraire… Sur ce sujet, mon très-cher, il ne m’est pas possible de finir sans vous témoigner que M. le duc de Praslin dit parfois que vous êtes un paresseux littéraire, que vous avez été le témoin de la formation de ce projet, que vous avez promis des matériaux, et entre autres une histoire très-remarquable du Kamschatka, et que cependant vous n’avez encore rien envoyé pour le succès de cet établissement, qui lui tient extrêmement à cœur.


Quoi qu’il en soit, le Journal des Savants, peu sensible à la générosité des entrepreneurs de la Gazette littéraire à son égard, s’opposa formellement à leur projet, qui allait, prétendait-il, contre son privilége. Il s’agissait pour lui, d’ailleurs, d’un intérêt assez grand. Nous avons déjà dit que, comme père des journaux, il avait le droit de percevoir une rétribution de toutes les feuilles subalternes qui voulaient s’élever, et qui ne pouvaient paraître que sous ses auspices. Or, la Gazette littéraire avait pour objet d’anéantir cette foule d’écrivailleurs donc, plus de tribut pour le Journal des Savants, et le peu qu’il rendait par lui-même suffirait à peine à le soutenir.

L’affaire fut portée au Conseil, et ce procès excita