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Ses vers ont de l’élégance, de la fraîcheur, du métier, que féminise une certaine afféterie. Certes, ils ne sont point quelconques.

Mais le théâtre était la vocation d’Edmond Rostand. Un acte en vers, les Deux Pierrots, est remis par M. de Féraudy à l’Administrateur de la Comédie-Française. Celui-ci a reçu la pièce. Mais le jour de la lecture devant le Comité, Banville mourut. Et l’acte banvillesque ne fut pas accueilli. Le poète prit tôt sa revanche. Les Romanesques fut reçu à l’unanimité, et, le 21 mai 1894, après deux actes en vers, le Bandeau de Psyché, de M. L. Marsolleau, et le Voile, de Rodenbach, la comédie, gaie, ironique et pimpante, enchanta les spectateurs qui avaient mal goûté la subtilité et la mélancolie précieuses du chantre des béguines et parlaient dans les couloirs de « cloches de Morneville ». L’œuvre obtint ensuite le prix Toirac, et est restée au répertoire.

Le 5 avril 1895, Sarah Bernhardt incarne la Mélissinde de la Princesse Lointaine, pièce qui resta la préférée de ceux qui cherchent au théâtre des « prolongements », des « dessous », de l’« au-delà », et, le mercredi saint de 1897, la Photine de la Samaritaine. Et, la même année, au lendemain de Noël, ce fut le triomphe de Cyrano de Bergerac, qui est resté le plus grand succès de théâtre, de tous les temps. Francisque Sarcey manifesta naïvement sa joie, et M. Émile Faguet, dans son feuilleton des Débats, se livra à « un véritable accès de délire prophétique ». Il terminait :