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ses boutades et son symbolisme et, déjà, cette ingéniosité, mot qu’il faudrait toujours répéter à propos de chaque œuvre de Rostand, qu’il s’agît du style ou de l’action scénique. Ça et là, l’émotion semble ardente, mais courte, à fleur d’âme ou d’imagination. Le vers est franc, net, précis, et d’une allure crâne, parfois mal ou non coupé ou comme dénué de rythme. C’est le vers de théâtre. Le poète qui manifeste un grand amour de la poésie, du métier de versificateur, rime richement, en soulignant. La langue est claire et sonore et — déjà — ne dédaigne point les mots rares, techniques, les mots forgés, l’argot (« balocher », « biberonner », « arc-en-cielisée »).

Edmond Rostand se soucie de la gloire et dédie — singulièrement — son livre aux poètes, aux artistes qui n’« arrivent » pas. Ce mondain, que favoriseront tous les présents de la Fortune, exalte les songe-creux, les ratés. Mais prenons garde : Cyrano ne sera-t-il pas une manière de « raté » sublime ? Et l’Aiglon ?

Et il arrivera ceci que beaucoup en voudront plus tard au poète de ce que le vers des Musardises :

« Le métier de poète est un métier de dupe »


n’aura pas été pour lui la réalité amère, et de ce qu’il aura été probablement exempté

« Du Calvaire qu’il faut gravir pour être artiste ».


Les « ratés » ne seront pas reconnaissants.

Il y a sans doute beaucoup d’adoration dans le