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ne s’accentuait pas seulement dans l’époque choisie et dans le couplet de Jeune-France du tailleur, il était partout dans l’œuvre. Ajoutons que le sujet était le moins dramatique qu’on pût découvrir. Que faire de ce blond jeune homme, « faible, attendri, nerveux, flottant », de ce je ne sais quel Hamlet qui se dit byronien, qui veut et ne se sent pas prêt, qui ne sera ni un Don Juan, ni un empereur, et qui se meurt de son âme et de son nom.

L’Aiglon, c’est l’épopée de la faiblesse et du doute — éléments les moins épiques —, de la faiblesse qui voudrait être force, dont le champ d’action, le milieu approprié, sont moins la gloire que la Gloriette. Si l’on pouvait être, ici, cruel et irrespectueux, on adjoindrait le duc de Reichstadt à ces ratés, célébrés dans les Musardises. Disons plutôt qu’il est une hostie expiatoire.

« Quand se décidera-t-on à ne parler d’une pièce qu’après la Première ? Il est si dangereux, pour une comédie, d’être célèbre avant que d’être jouée ! Je souhaite qu’on ne dise d’avance que du mal de mes pièces… » C’est notre poète qui parle ainsi, et il est inutile, par suite, de relever les détestables services rendus par les menées journalistiques à l’œuvre nouvelle, attendue depuis des années avec une impatience, une curiosité et des intentions, bonnes ou mauvaises, mais tapageuses.

Chantecler, pourtant, ne serait-ce pas le plus beau poème de l’auteur des Musardises ? Mais