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LES ANTILLES FRANÇAISES.

Martinique eut l’idée désastreuse, — et pourtant elle lui avait été inspirée par un vieux créole très expérimenté, qu’aveuglait sans doute son grand désir de conciliation ! — de donner à Saint-Pierre un bal magnifique, où il convia, en même temps que les blancs, les principaux d’entre les nègres et les mulâtres. Qu’arriva-t-il ? C’est qu’à peine entrés dans l’immense salle du bal, les arrivants formèrent trois camps bien distincts, noirs et blancs aux deux extrémités, mulâtres entre les deux ; les jeunes filles créoles avaient eu le soin de promettre, longtemps à l’avance, toutes leurs danses à leurs frères, cousins et amis ; et nous renonçons à peindre le sourire dédaigneux avec lequel elles annonçaient la nouvelle aux cavaliers bronzés qui s’aventuraient à leur adresser une invitation.

Il ne résulta de cette fête que des provocations, des duels et un redoublement de haine.

Mais, diront les Européens, ce sont les créoles qui ont tort ; pourquoi cet ostracisme dont