Aller au contenu

Page:Hauser - Les Balkaniques, 1913.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Le Bulgare s’écrie : Á l’assaut ! Á l’assaut !
Les Serbes et les Grecs brandissent leurs épées !…

« Aimez-vous les uns les autres », a dit Jésus ;
Ces paroles, pourquoi ne les entend-t-on plus ?
Pourquoi ces cris de haine et de guerre ? Nous sommes
Chrétiens, Juifs, Protestants, Musulmans, tous des hommes ;
Près de ce Turc blessé, qui, sur son lit, gémit,
Le vainqueur vient de voir un enfant endormi,
Dont les cheveux bouclés sont des nids de caresses ;
Et le voici qui, tout à coup, pris de tendresse,
Effleure d’un baiser le front de l’innocent.
Puis il repart, continuer l’œuvre de sang !
Eh bien, notre cœur saigne en songeant à ces choses !
Les amantes, à leurs amants, donnent des roses
Et leur disent : Ô mon ami reviens vainqueur !
Toutes disent ces mots avec le même cœur,
Mais quelle angoisse, désormais, dans leur attente !…
Ainsi, nous, dont la Mort prend la main palpitante
La tâtant, pour savoir si le temps est venu
De nous jeter dans une tombe aux murs tout nus,