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Page:Hauser - Les Balkaniques, 1913.djvu/27

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Le canon tonne : et l’ouragan des mitrailleuses
Fait tomber dans leur fleur des jeunesses rieuses
Que la terre prendra sans linceul, sans cercueil ;
Et demain, des enfants s’habilleront de deuil !

Mais nous allons écrire une page d’Histoire !
Mais nous allons couvrir notre Drapeau de gloire !

O démence ! La gloire est-elle dans le sang ?
Nous montions, et soudain, voici qu’on redescend !
Nous disions : Dans la Paix, le Travail, la Lumière,
Les Hommes s’aimeront : l’Histoire sera fière
D’enregistrer enfin une Ère de bonté !
Hélas ! C’était le Rêve ! – Et la Réalité
Se dresse devant nous, sinistre et grimaçante !
Au lieu de l’Ascension, c’est la noire descente
Dans un gouffre béant d’épouvante et de nuit !
C’est la foudre qui gronde, et c’est l’éclair qui luit,
C’est le sang qui jaillit, tout rouge, des poitrines,
Ce sont les blés en flamme, et les maisons en ruines,
C’est le déchaînement des instincts meurtriers !

Riez, esprits du Mal ! Esprits du Mal, Riez !