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LACORDAIRE.

son projet. « Il faudra, lui écrit-il, vous habituer à ma grande robe de laine blanche. Nous n’aurons plus que cet hiver-ci pour rire un peu. Ou plutôt, soyez persuadée que, si l’habit ne fait pas le moine, le moine non plus ne perd rien de ce qui est vrai et simple, bon et digne d’envie. Nous serons donc les meilleurs amis du monde et rien ne nous empêchera de nous promener avec votre mari aux Ch… ou à B… »

Le retour de Lacordaire à Paris suspendit la correspondance qui ne consiste plus qu’en quelques petits billets insignifiants. Mme de V… n’était pas encore réconciliée avec l’idée de la robe blanche. Mais, si opposée qu’elle demeurât aux projets de Lacordaire, sa générosité naturelle ne lui permettait pas de s’en désintéresser complètement. Le pli qu’elle avait tente de lui faire accepter, en se servant de l’intermédiaire de Mgr de Quélen, était toujours resté entre les mains de ce dernier. Elle eut la pensée que peut-être elle pourrait renouveler son offre avec plus de succès. Elle consulta cependant l’abbé Affre, alors vicaire général. « M. Lacordaire qui a refusé un secours personnel ne refusera point un secours destiné à favoriser son futur établissement», répondit celui-ci. Et quelques jours après Lacordaire la remerciait simplement : « Je n’ai pas besoin de vous dire que je suis heureux de toutes les nouvelles preuves d’attachement que vous m’avez données depuis huit jours. Ce souvenir m’accompagnera toujours, et allégera les peines que Dieu, sans doute, me réserve dans le cours de ma vie. A demain et à toujours. » Et comme il allait