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LE SODOMA.

siennoise pendant une quarantaine d’années, grâce aux travaux du Piémontais G. A. Bazzi dans cette ville, s’éteignit avec lui : il ne fit pas école. Si sa manière fut quelque temps imitée, d’ailleurs avec maladresse, il ne fut pas heureux en élèves ; avec plusieurs d’entre eux il eut même des démêlés plutôt désagréables. En 1511, c’était Vincenzo Tamagni, de San Gimignano, qu’il fit emprisonner à Monlalcino pour une dette ; et plus tard, pendant que le Sodoma était malade à Florence, son atelier était subrepticement déménagé par son élève Girolamo Magagni, dit « Giorno del Sodoma ». Ses relations furent du moins plus affectueuses avec Bartolommeo Neroni, dit « il Riccio », qui épousa sa fille Faustina ; mais le maître ne put manquer de constater que le talent faisait défaut à son disciple le plus fidèle presque autant qu’aux autres.

Le Sodoma est donc un solitaire dans le milieu siennois ; il n’y fonda pas plus d’école qu’il n’y était venu chercher de maîtres parmi les vieux peintres locaux ; et cette solitude donne un caractère particulier, un peu mystérieux, à sa carrière : on aimerait à distinguer plus nettement de quel point de l’horizon artistique il venait, à quelles traditions il se rattachait, où il avait puisé ou du moins cultivé des qualités de sentiment et de formes aussi séduisantes. Ce qu’il devait à son origine piémontaise et aux écoles de Vercelli et de Casale se laisse discerner avec peine ; on aperçoit un peu plus distinctement l’influence qu’exercèrent sur ses premiers essais certaines formes chères aux artistes florentins et surtout ombriens ; mais il ne tarda pas à don-