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À UN TRÈS PETIT ENFANT
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et que nous planterons nos croix !
Tu ne viens, ni pour pleurer
ni pour souffrir
en quoi que ce soit, du malheur de notre année !
Tu viens, Promesse d’Avenir,
pour établir et contempler la paix !

Ô mon petit Enfant,
pour l’instant, dans le soleil,
tu joues avec le sable de cette terre
pour laquelle le sang coule
incompressible depuis des mois !
Et tout à l’heure, quand le soleil dormira
sur nos chantiers de morts,
tu souriras à la lumière de ta veilleuse
entre les voiles de ton berceau blanc.
Tu ne sais rien. Ton âme est close.
Tu es la chrysalide du lendemain.
Et je te regarde, affolée par tant d’innocence
et de certitude.