Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/180

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tèrent les pointes des Sept Pignons, cette excitation passagère s’éteignit dans les yeux de Clifford ; il promenait autour de lui des regards vagues et tristes, comme s’il eût perdu quelque objet de prix, et comme s’il le regrettait d’autant plus, ne sachant pas au juste en quoi consistait sa perte.

« C’est mon bonheur que je veux, murmura-t-il enfin d’une voix troublée et peu distincte, articulant à peine ses paroles. Voilà bien des années que je l’attends… Et il est si tard, si tard !… C’est mon bonheur que je veux ! »

Pauvre infortuné ! vous êtes vieux, vous êtes usé par des chagrins pour lesquels vous n’étiez pas fait ; à moitié fou, à moitié idiot, vous êtes une ruine, un avortement, en cela pareil au plus grand nombre des hommes. Le sort ne vous garde plus d’autre félicité qu’un peu de repos auprès de la fidèle Hepzibah, quelques longues soirées d’été passées auprès de la gentille Phœbé, puis ces réunions du dimanche avec l’Oncle Venner et le photographe. — Est-ce là ce qu’on peut appeler le bonheur ? — Pourquoi non ? C’est du moins quelque chose qui lui ressemble merveilleusement, et surtout pour ce caractère impalpable, éthéré, qui se refuse à toute analyse. — Prenez donc cet équivalent tandis qu’il est à votre portée !… Point de murmures !… aucune question !… Tirez en parti de votre mieux !