Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/194

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le voyait, quand la bulle, miroir de la terre et miroir du ciel, s’évanouissait tout à coup et rentrait dans le néant. Enfin, juste au moment où un majestueux gentleman, dans toute la maturité de l’âge, longeait Pyncheon-street à pas comptés, une grosse bulle, descendant avec lenteur, vint éclater sous son nez !… Il leva les yeux, d’abord avec un regard sévère et perçant qui pénétra les ténèbres accumulées sous la Croisée en ogive, — puis avec un sourire qui dut faire rayonner, dans une circonférence de plusieurs mètres, une chaleur véritablement caniculaire

« Ah ! je vous y prends, cousin Clifford ! s’écria le juge Pyncheon… Eh quoi, toujours des bulles de savon ! »

L’accent de ces paroles les eût fait croire inspirées par un sentiment de bon vouloir et de conciliation ; elles n’en avaient pas moins, tout au fond, l’amertume d’un sarcasme. Pour ce qui est de Clifford, il en fut comme paralysé. Outre les motifs de terreur que le passé lui avait peut-être légués, il éprouvait, en présence de l’excellent Juge, ce sentiment d’horreur native que la présence de la force écrasante détermine chez les caractères faibles, délicats et timides. — La force est une énigme pour la faiblesse, et, par cela même, un sujet d’effroi.