Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/205

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de ses joues auraient pu vous donner à penser qu’il faisait la cour à la jeune fille.

Holgrave en arriva, l’entretien continuant, à dire quelque chose qui le fit questionner par Phœbé sur l’origine de ses relations avec la cousine Hepzibah, et sur les motifs pour lesquels il s’entêtait à loger dans cette vieille maison Pyncheon, si triste et si désolée. Sans lui répondre directement, il abandonna l’avenir qui avait été jusqu’alors le thème de sa harangue, et se mit à parler des influences du passé.

« N’en viendrons-nous jamais, s’écria-t-il, — laissant à la conversation le ton passionné qu’elle avait pris peu à peu, — n’en viendrons-nous jamais à nous délivrer de ce Passé ? il pèse sur le présent comme le cadavre d’un géant défunt. Ou pour mieux dire, Aujourd’hui est un jeune géant, réduit à porter sur ses épaules le cadavre d’Hier, un vieux géant mort depuis longtemps et qui n’aurait droit, en bonne justice, qu’à des funérailles décentes. Ce travail ingrat absorbe toutes ses forces… Réfléchissez un peu, et vous serez étonnée de voir à quel point nous demeurons les esclaves des temps qui ne sont plus, ou, ce qui revient au même, les esclaves de la Mort !

— Mais, fit observer Phœbé, je ne vois pas cela, savez-vous ?

— En ce cas, tâchons d’éclaircir, continua Holgrave. Un mort, s’il n’a pas omis de faire son testament, dispose d’une richesse qui ne lui appartient plus ; s’il a trépassé sans tester, cette richesse est répartie conformément aux notions de certains personnages décédés bien avant lui. Sur tous nos bancs de justice, un mort est assis ; les magistrats vivants ne font que rechercher