Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/207

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gutta-percha, caoutchouc, n’importe laquelle, — de façon à ce que ses arrière-petits enfants en profitent, et fassent dans le monde la même figure que lui. Si chaque génération avait à bâtir elle-même ses édifices privés et publics, ce simple changement — si peu essentiel en apparence — impliquerait à lui seul presque toutes les réformes que réclame l’état actuel de la Société… Pourquoi bâtir en pierres et en briques nos capitoles, nos tribunaux, nos hôtels de ville, nos chambres de parlement, nos églises ?… Mieux vaudrait que tous les vingt ans, ou à peu près, ces monuments tombassent ruinés ; il y aurait là, pour le peuple, une occasion et un motif d’examiner et de réformer les institutions dont ils sont le symbole.

— Quelle horreur pour tout ce qui est vieux ! s’écria Phœbé, vraiment alarmée. Rien que de penser à un monde si changeant, le cœur me manque et la tête me tourne !

— Il est certain que je n’aime pas ce qui se gâte, répondit Holgrave. Voyez plutôt ce vieil hôtel Pyncheon !… Y fait-il bon vivre, avec ses noires charpentes, et la mousse verte qui atteste leur humidité, ses chambres écrasées où le jour pénètre à peine, ses murs souillés où semblent s’être cristallisés les soupirs d’angoisse exhalés par vingt générations ?… Non, non ; il faudrait purifier tout cela par le feu… le purifier, jusqu’à ce qu’il n’en restât que des cendres !

— Et pourquoi donc l’habitez-vous ? demanda Phœbé un peu piquée.

— Oh ! répondit Holgrave, je continue ici mes études, mais non dans les livres. Cette maison, selon moi, représente admirablement l’odieux et abominable Passé