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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/210

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— Quel sérieux vous mettez à tout ceci ! s’écria Phœbé, le regardant avec surprise et perplexité, à moitié alarmée, à moitié tentée de rire… Vous parlez de la monomanie des Pyncheon ? — Serait-elle par hasard contagieuse ?

— Je vous comprends, dit l’artiste, rougissant, et riant à la fois… Je crois en effet que je suis un peu fou… Depuis que je loge sous cet antique pignon, l’idée qui vous étonne s’est emparée de mon esprit avec une ténacité inexorable. Pour m’en débarrasser, j’ai voulu coucher par écrit certain incident de la chronique privée des Pyncheon, auquel j’ai donné la forme d’une légende, et que je compte publier dans une Revue.

— Vous écrivez donc pour les Revues ? demanda Phœbé.

— Est-il possible que vous l’ignoriez, s’écria Holgrave. Voyez un peu le néant de la gloire littéraire !… Oui, miss Phœbé Pyncheon, j’ai, entre autres dons merveilleux, celui d’écrire des nouvelles fort estimées. On m’apprécie assez dans le genre bouffon, et quand il me plaît d’être pathétique, je fais verser autant de pleurs qu’un oignon… Faut-il, maintenant, vous lire une petite histoire ?

— Volontiers, dit Phœbé, si elle n’est pas très-longue… et pas trop ennuyeuse, » ajouta-t-elle en riant.

Le photographe ne pouvant guère se prononcer sur ce dernier point, exhiba immédiatement son rouleau manuscrit, et tandis que les rayons du soleil éclairaient encore la cime des Sept Pignons, il se mit à lire ce qui suit.