Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/254

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— Venez ici, Phœbé, s’écria tout à coup ce dernier, lui dans le cours de la matinée avait à peine ouvert la bouche. Approchez !… Plus près encore !… Et regardez-moi au visage ! »

Posant sur chaque bras du fauteuil où il était assis une de ses petites mains, Phœbé se pencha vers lui, pour qu’il pût la dévisager tout à son aise. L’émotion cachée de cette heure d’adieux avait sans doute ravivé les facultés affaiblies et obscurcies du pauvre malade. Toujours est-il que Phœbé se sentit observée, jusque dans l’intimité de son cœur, sinon avec la perspicacité d’un Voyant, du moins avec cette subtilité qui passe pour un attribut féminin. Le moment d’avant, elle ignorait qu’elle eût la moindre chose à dissimuler. Maintenant, — comme si quelque secret se révélait soudain à sa conscience, sous les clartés que portait en elle ce regard fixement observateur, — elle se vit contrainte de baisser les yeux ; en même temps montait à ses joues une rougeur significative qui peu à peu envahit son front, plus marquée à mesure qu’on la voulait comprimer.

« Il suffit, mon enfant, dit Clifford avec un sourire mélancolique… Le jour où je vous ai vue pour la première fois, vous étiez la plus charmante petite fille du monde ; votre beauté maintenant a pris un autre caractère !… La petite fille est devenue femme, le bouton est devenu fleur !… Partez, à présent !… Je me sens plus seul que je ne l’étais. »

Quand elle descendit les marches du magasin, Phœbé rencontra le petit gastronome dont les hauts faits ont figuré dans les premiers chapitres de ce véridique récit. Elle connaissait son goût pour l’histoire