Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/260

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tude défensive, à la fois intimidée et farouche, eût fait reculer plus d’un téméraire ; mais le nouveau venu, fermant paisiblement derrière lui la porte du magasin, équilibra son parapluie contre le comptoir, et à toutes ces colères, à toutes ces frayeurs que son apparition avait soulevées, il opposa un visage calme, une immuable bénignité.

Le pressentiment d’Hepzibah ne l’avait pas trompée. C’était bien le juge Pyncheon qui, après avoir vainement poussé la grande porte, s’était décidé à pénétrer par celle du magasin.

« Comment vous portez-vous, cousine Hepzibah ? et comment notre pauvre Clifford s’accommode-t-il de l’inclémence du temps ? » Tel fut le début du Juge, et on se fût volontiers demandé si les ouragans venus de l’est ne se laisseraient pas apaiser par la sincère bienveillance que son sourire exprimait… « Je n’ai pu me refuser le plaisir de venir vous demander encore une fois et il ne me serait pas donné de lui procurer, ainsi qu’à vous, quelques consolations et quelque bien-être.

— Vous n’avez rien à faire ici, dit Hepzibah, comprimant son agitation du mieux qu’elle put… Je me consacre tout entière à Clifford… Il jouit de tout le bien-être compatible avec son état.

— Laissez-moi vous dire, chère cousine, répliqua le Juge, que vous faites fausse route, — avec les meilleures intentions très-certainement, — mais néanmoins fausse route, — en tenant votre frère dans un isolement aussi complet… Pourquoi le priver ainsi de toute sympathie et de toute affection ?… Clifford, hélas ! n’a que trop longtemps vécu solitaire… Qu’il essaye maintenant d’une existence plus sociable ; qu’il voie