Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/271

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— Je n’appartiens pas à la classe des rêveurs, répliqua paisiblement M. Pyncheon… Quelques mois avant la mort de mon oncle, Clifford se vanta devant moi de savoir où étaient cachées des richesses incalculables ; il voulait à la fois me tourmenter et mettre ma curiosité en éveil… Ceci ne fait pas le moindre doute à mes yeux… Mais, d’après le souvenir assez distinct qui me reste des détails de notre conversation, je suis parfaitement convaincu que ce qu’il me dit alors avait un fonds de vérité. Si donc Clifford le veut maintenant, — et il faudra bien qu’il le veuille, — il peut m’apprendre où je dois chercher la cédule, la reconnaissance, les documents, — les preuves enfin, sous quelque forme qu’elles existent — qui me mettront à même de combler l’immense déficit dont je vous parlais. Ce secret, il le possède. Ses fanfaronnades n’étaient point paroles en l’air ; elles furent débitées avec un accent, une assurance, une précision qui laissaient entrevoir, sous le vague de l’expression, un sens bien défini, une réalité consistante et solide.

— Mais dans quel but, demanda Hepzibah, aurait-il persisté si longtemps à taire ce qu’il pouvait savoir ?

— Un mauvais instinct de notre nature déchue ! répliqua le Juge en levant les yeux au ciel. Il me regardait comme son ennemi, m’attribuant son écrasant déshonneur, l’éminent péril que sa vie avait couru, sa ruine à jamais consommée… Il ne fallait donc guère s’attendre à ce que, du fond de son cachot, il contribuât spontanément à me faire franchir quelques degrés de plus sur l’échelle de la prospérité… Mais le moment est venu où il faut qu’il me livre son secret.

— Et s’il refusait ? demanda Hepzibah… Ou plu-