Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/281

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que, et si imposant, avec tous ses beaux dehors, qu’Hepzibah elle-même se prenait à douter des soupçons dont elle était assiégée, au sujet de cette intégrité sonnant le creux : d’un côté le Juge ; et de l’autre, qui ? — Clifford le criminel ! Un nom jadis flétri, maintenant une honte à demi oubliée ! — Malgré ce calcul si simple, Hepzibah, peu accoutumée à prendre conseil d’elle-même, eût accepté comme règle d’action le moindre avis qui lui serait venu du dehors. La petite Phœbé Pyncheon aurait suffi pour éclairer sa route, sinon par des suggestions directes, du moins par la chaleur et l’entrain de son caractère. Hepzibah songea au photographe. Chez ce jeune étranger, elle avait reconnu, — si aventureux et si vagabond qu’il pût être, — une force qui rendait sa protection désirable dans un moment aussi critique. Obéissant à cette pensée, elle tira les verrous d’une porte, — fermée depuis longtemps et toute recouverte de toiles d’araignées, — qui servait autrefois de communication entre la portion de l’hôtel qu’elle s’était réservée et le pignon où notre artiste avait provisoirement établi ses pénates errants. Il n’était pas là. Un livre entr’ouvert posé à plat sur la table, un manuscrit roulé, une feuille remplie à moitié, un numéro de journal, quelques outils de sa profession actuelle et un certain nombre d’épreuves photographiques, donnaient l’idée qu’il ne pouvait être loin. Mais, à ce moment du jour, — Hepzibah aurait dû le prévoir, — le photographe était en ville, donnant séance au public. Par une impulsion de cette oisive curiosité qui se mêlait à ses tristes préoccupations, la vieille fille regarda un des daguerréotypes, et se trouva face à face avec le juge Pyncheon qui la menaçait du