Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/29

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humaine, les avait voués à une infortune si constante ; elle contribuait du moins, ceci est certain, à rendre durables ces sentiments de répugnance et de terreur superstitieuse qui constituaient leur unique héritage, et qui, chez les gens de la ville, survécurent à l’absurde croyance d’où ils étaient issus. Le manteau déchiré du vieux Matthew Maule semblait, comme celui du Prophète hébreu, tombé sur les épaules de ses enfants. On les croyait presque investis de quelques attributs mystérieux ; on accordait à leurs regards une fascination singulière. Entre autres privilèges, fort peu profitables, on leur assignait spécialement celui d’exercer sur les rêves d’autrui une fantastique influence. À prendre au sérieux tous les récits qui couraient sur leur compte, les Pyncheon, si altiers qu’ils se montrassent pendant le jour dans les rues de leur cité natale, devenaient les humbles serfs de ces Maule si plébéiens pendant les heures de nuit, où le sommeil, qui égalise les rangs, bouleverse les idées. Au lieu de rejeter, comme absolument fabuleuses, les prétendues nécromancies, la psychologie moderne ferait peut-être mieux de tenter quelques efforts pour les réduire en système.

Parlons maintenant, pour en finir avec cette espèce de prologue, de la Maison aux Sept Pignons, telle qu’on la voit aujourd’hui. La rue où elle dresse ses vénérables flèches, a depuis longtemps cessé d’appartenir au quartier fashionable de la ville. On s’en aperçoit à l’aspect vulgaire des habitations qui entourent le vieil édifice. Cette rue ayant été élargie il y a quelques quarante ans, la façade se trouve ramenée à l’alignement voulu. Mais la projection du second étage donne