Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/310

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ce même défunt dont il a fui si loin et la vue et la pensée, ne m’accorderez-vous pas qu’il y a là une atteinte portée à ses priviléges naturels ?… On a violé pour lui le droit d’asile, et — si je puis me permettre d’exprimer ici mon humble avis, — on lui a porté un préjudice grave.

— Savez-vous, monsieur, que vous êtes un homme bizarre ? dit le vieux gentleman, arrêtant sur Clifford, comme pour le percer à jour, son petit œil qui faisait songer à une vrille… Je ne puis voir clair au dedans de vous !

— Ah ! certes, j’en répondrais bien, s’écria Clifford en riant ; et cependant, mon cher monsieur, l’eau de la source de Maule n’est pas plus transparente que moi… Mais c’est assez, Hepzibah !… Pour cette fois nous avons fourni une traite suffisamment longue… Descendons, à l’instar des oiseaux, sur la branche la plus prochaine ; là, nous débattrons à loisir la direction ultérieure que doit prendre notre vol ! »

Or il arriva qu’à ce moment précis le train arrivait à une station isolée. Profitant de ce temps d’arrêt, Clifford quitta le wagon ; après lui descendit la docile Hepzibah. Une minute plus tard le convoi — ainsi que tout ce monde pour lequel Clifford était devenu un étrange sujet de curiosité — s’atténuait dans l’éloignement, et peu à peu devenait un point noir que la minute d’après fit disparaître. C’était comme si l’univers entier eût fui nos deux vagabonds. Ils jetèrent autour d’eux un regard désolé. Près de là une chapelle bâtie en bois étalait ses ruines hideuses, ses fenêtres brisées, ses murs fendus par le milieu, et sa tour quadrangulaire au sommet de laquelle ballottait une