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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/319

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envie d’aller la voir aujourd’hui ; et il ira peut-être, — oui, — ou non, — suivant qu’il aura le temps et suivant qu’il rencontrera, parmi ses bank notes, une de celles qui représentent le moins d’argent.

Reste une affaire des moins essentielles à ses yeux, (car s’il est bon d’être sur ses gardes, encore ne faut-il pas se tourmenter à chaque instant de sa santé), c’est de consulter son médecin… Et pourquoi, miséricorde ? Mon Dieu, ce sont des symptômes difficiles à définir : — un léger trouble dans la vue, quelques étourdissements passagers ; — dans « la région du thorax, » comme disent les anatomistes, une sensation d’étouffement accompagnée d’un frémissement intérieur, d’un bruit, d’un glou-glou indéfinissable ; — peut-être s’y joint-il quelques battements de cœur assez forts, et qui, en définitive, font honneur au Juge, car ils établissent chez lui l’existence de cet organe essentiel. En somme, très-peu de chose : le docteur, probablement, ne pourrait s’empêcher de sourire devant cette énumération de symptômes insignifiants ; le Juge sourirait à son tour, et tous deux, après s’être regardés quelques instants, finiraient par éclater de bon cœur. — À d’autres, à d’autres les ordonnances !… Jamais le Juge n’en aura besoin.

De grâce, de grâce, juge Pyncheon, regardez maintenant à votre montre ! — Comment donc, pas même à présent ? — L’heure du dîner va sonner dans dix minutes, et jamais, peut-être, dîner plus important que celui où vous fûtes convié pour aujourd’hui. Ce n’est pas cependant un de ces repas publics où votre voix, grave et sonore comme un tuyau d’orgue, fait retentir, l’heure des toasts venue, d’amples périodes à la Webster. Il s’agit seulement de se rencontrer avec une douzaine