Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/62

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son efficacité pouvaient se comparer à celles d’un anneau galvanique. Hepzibah, tout au moins, dut à cette subtile influence l’énergie de corps et d’esprit qu’il lui fallait pour songer à déjeuner ; et, — ce qui devait mieux encore exalter son courage renaissant, — elle mit une cuillère de plus dans son infusion de thé noir.

Il ne faut pas croire que, pendant cette première journée de négoce, son courage et sa gaieté n’eurent pas à souffrir mainte et mainte lacune. Règle générale, la Providence n’accorde aux mortels que la dose de vaillance strictement suffisante au plein exercice de leurs facultés. Pour ce qui est de notre ancienne lady, après chaque excitation nouvelle et chaque nouvel effort, le découragement habituel de toute sa vie menaçait de la ressaisir, et définitivement. On eût dit ces épais nuages que nous voyons obscurcir le ciel, et atténuer sa lumière jusqu’à l’heure où, vers la tombée de la nuit, ils ouvrent issue pour quelques moments à une échappée de soleil. Sur l’azur du ciel, cependant, le nuage en vieux s’efforce encore de reconquérir l’étroite bande qu’il a perdue.

Pendant l’après-midi, quelques pratiques se présentèrent, mais sans trop d’empressement ; parfois aussi, nous en conviendrons, avec peu de satisfaction pour eux-mêmes ou miss Hepzibah, et peu d’accroissement pour le contenu de la caisse. Une petite fille, envoyée par sa mère pour assortir un écheveau de coton d’une nuance particulière, prit celui que, sur la foi de ses yeux myopes, la vieille lady assurait être « identiquement pareil ; » mais elle revint bientôt en courant pour déclarer, d’un ton passablement maussade, « que le co-