Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/78

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rêter positivement à cette idée, — n’en avait pas moins caressé le songe de quelque revirement de fortune qui viendrait tout à coup la tirer d’affaire. Un oncle, par exemple, — qui s’était embarqué cinquante ans auparavant pour aller dans l’Inde, et dont jamais on n’avait entendu parler depuis lors, — pouvait bien revenir l’adopter pour unique consolation de son extrême vieillesse, la couvrir de perles, de diamants, de cachemires, et lui léguer en définitive des richesses incalculables. Ou bien encore ce membre du Parlement, placé maintenant à la tête de la branche de famille restée en Angleterre — branche cadette avec laquelle la branche aînée de ce côté de l’Océan n’avait guère entretenu de rapports depuis deux cents ans et plus, — ce gentleman éminent pouvait convier sa vieille parente à quitter la Maison délabrée des Sept Pignons et à venir habiter Pyncheon-Hall, au milieu des membres de sa famille. Les motifs les plus impérieux, cependant, empêcheraient Hepzibah d’accéder à cette requête. Il était donc plus probable que les descendants d’un Pyncheon — émigré jadis en Virginie et devenu possesseur d’une plantation magnifique, — apprenant le mauvais état des affaires d’Hepzibah et mus par cette générosité de caractère que le mélange du sang virginien n’avait pu manquer d’ajouter aux qualités originelles de leur race, — lui feraient passer une lettre de change de mille dollars, avec promesse sous-entendue de renouveler au moins une fois par an bette libéralité si opportune. Enfin, — et ceci était de toute raison comme de toute justice, — le grand procès relatif au comté de Waldo pouvait consacrer définitivement le droit héréditaire des Pyncheon. Quittant sa