Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/85

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pelait peut-être les frissons du feuillage au souffle du zéphyr matinal, — ce rayon baisa le front de la belle enfant. C’était bien la caresse que peut donner à sa sœur endormie une vierge immortelle, — comme est l’Aurore, — d’abord par un élan d’irrésistible tendresse, mais aussi pour l’avertir que l’heure est venue de déclore ses beaux yeux.

Au contact de ces lèvres lumineuses, Phœbé s’éveilla paisiblement et sans pouvoir se rendre compte, au premier moment, ni de l’endroit où elle était, ni de ces lambrequins pesants qui pendaient tout autour d’elle. À vrai dire, ses perceptions étaient assez vagues, à l’exception d’une seule : c’est qu’il faisait jour et qu’il fallait se lever pour dire ses prières. Elle se sentait portée à la dévotion par l’aspect de cette chambre solennelle et de son imposant mobilier ; surtout de ces fauteuils aux dossiers élargis et roides, dont l’un, placé près de son chevet, semblait avoir servi à quelque personnage du temps jadis, — assis là toute la nuit et qui le matin, pour n’être pas découvert, se serait furtivement évadé.

L’enfant, une fois habillée, mit le nez à la fenêtre et dans le jardin aperçut un buisson de roses blanches, d’une espèce très-rare et très-belle, qui, adossé au mur et poussant vigoureusement, s’élevait à une hauteur exceptionnelle. Ces belles fleurs, ainsi que Phœbé s’en aperçut plus tard, étaient presque toutes piquées au cœur et envahies par la nielle ; mais le voyant à distance, on eût dit notre rosier détaché de l’Éden, ce même été, avec le sol fécond où se développaient ses racines. La vérité, cependant, c’est qu’il avait été planté par Alice Pyncheon, — l’arrière-grand’tante de