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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/98

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les produire, tout cela était véritablement angélique, et le vieux Venner n’avait pas trop dit.

L’intimité des deux cousines, — cimentée par les petites causeries qu’elles échangeaient dans les intervalles de la vente, — cette intimité faisait des progrès rapides, et la vieille recluse, une fois que ses premiers scrupules eurent cédé, prodigua bientôt à Phœbé tous les trésors de son amicale confiance. Elle prit un orgueilleux et triste plaisir à la promener de chambre en chambre par toute la maison, en lui racontant les traditions qui, comme autant de fresques sombres, étaient, pour ainsi dire, étalées sur les murailles de chaque pièce. Elle lui montra, par exemple, les marques laissées par le pommeau d’épée du lieutenant-gouverneur, sur les panneaux de la porte à laquelle il avait frappé, le jour où le vieux colonel Pyncheon, hôte défunt, recevait ses visiteurs effrayés avec le terrible froncement de sourcils que nous avons décrit plus haut. Hepzibah prétendait que, depuis lors, on n’entrait jamais sans une secrète horreur dans le corridor ténébreux par où s’était écoulée la foule, glacée d’épouvante. Sur un des grands fauteuils elle fit grimper la petite Phœbé, pour lui montrer tout à l’aise l’ancienne carte du Territoire-Oriental sur lequel les Pyncheon revendiquaient un droit de propriété. En un endroit où son doigt s’alla poser de lui-même, il existait une mine d’argent signalée d’une manière précise dans quelques secrets memoranda du colonel Pyncheon, mais dont la situation ne devait être révélée que lorsque les droits de la famille auraient été reconnus par le gouvernement. « Il était donc dans l’intérêt de tout le pays qu’on rendît justice aux Pyncheon. » Elle ajouta, comme chose