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CONTES ÉTRANGES

Pierre, ou qui que ce fût, retira sa main pleine d’un or étincelant. Ce n’étaient pas de vieux chiffons, j’espère !

XI

Mais il fallait autre chose qu’un conte de vieille femme pour décourager Pierre Goldthwaite. Il fut toute la nuit bercé par les songes les plus agréables, et s’éveilla au point du jour avec de joyeux battements de cœur.

Il travaillait ainsi chaque jour avec un nouveau courage et ne s’arrêtait que pour manger, alors Tabita lui servait des choux au lard ou quelque autre mets aussi simple, qu’elle était parvenue à se procurer. Pierre, en homme pieux, ne manquait jamais de dire son bénédicité — si la chère était maigre, elle avait d’autant plus besoin de bénédictions, — ni de dire ses grâces, car si le repas avait été mesquin, c’était pour son bon appétit, — ce qui vaut mieux qu’un mauvais estomac devant un festin. — Il se remettait ensuite au travail et disparaissait bientôt dans un nuage de poussière si épais que le bruit qu’il faisait décelait seul sa présence. Heureux celui qui a foi dans son œuvre ! Rien ne troublait Pierre, si ce n’est les fantômes de son imagination se présentant à lui, tantôt sous la forme de réminiscence, et quelquefois sous celle de pressentiments. Il s’arrêtait souvent, la hache levée, et se disait, « Pierre, n’as-tu pas déjà frappé là ? » ou bien « À quoi bon renverser la maison ? rassemble un peu tes souvenirs ; peut-être te rappelleras-tu dans quel endroit l’or est caché. »