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CONTES ÉTRANGES

prédicateur qui, du haut de la chaire, s’apprête à foudroyer son auditoire.

— Chers et anciens amis, commença le docteur, employant avec eux sa formule habituelle, j’ai besoin de vous pour accomplir une nouvelle expérience.

(Il est absolument nécessaire d’ouvrir encore une parenthèse, au risque de ralentir la marche des événements et de suspendre l’attention qu’ils méritent. J’aurais un remords de ne pas constater que les nombreuses excentricités du docteur Heidegger avaient donné naissance à une foule de contes plus fantastiques les uns que les autres, et que plusieurs de ces fables, je l’avoue avec candeur et le confesse à ma honte, sont peut-être l’ouvrage de ma véridique personne. Si le lecteur me compare à la servante du docteur qui avait été témoin d’un effrayant spectacle, et si quelques passages de ce récit le trouvent incrédule, je n’aurai que la juste récompense de mes œuvres et le châtiment réservé à un marchand de contes inventés à plaisir. Je ferme la parenthèse.)

III

À la nouvelle d’une expérience dont ils étaient prévenus par l’invitation même du docteur, les trois honorables gentlemen et la respectable veuve Wycherly ne s’attendaient pas à une récréation bien extraordinaire, ils ne soupçonnaient rien de plus que le supplice d’une pauvre souris emprisonnée sous la cloche d’une machine pneumatique ou l’examen d’une toile d’araignée à l’aide de microscope.